Accueil Société Hassane Zhani, éleveur de chiens «Sans eux, ma vie n’a pas de sens»

Hassane Zhani, éleveur de chiens «Sans eux, ma vie n’a pas de sens»

Dans sa belle villa, pieds dans l’eau, érigée au bord de la mer à Raoued, Hassene Zhani a tout l’air d’un aventurier exilé dans une île déserte. Dans son immense territoire situé dans une zone où ne pointent que quelques résidences éloignées les unes des autres, il a aménagé une bonne parcelle (environ 800 mètres carrés )pour ses chiens, rien que pour eux. Là où ces derniers, une vingtaine au total, vivent en communauté. C’est là aussi que Hassene, frère du célèbre handballeur de l’EST Selim Zhani, veille sur sa troupe comme un berger pur et dur, en les soumettant à des séances d’entraînement quotidiennes.

L’une d’elles que nous avons suivie en live nous a proprement laissés bouche bée : des chiens courant dans tous les sens, s’entrecroisent, bondissent à mi-volée, tout en rivalisant d’aboiements joyeux et de vitesse de léopard. «Cela s’appelle le programme d’échauffement», indique Hassene qui parle de «régime vital pour des bêtes qui ont impérieusement besoin de défoulement et de liberté de manœuvre après des heures d’enfermement dans leurs box». Le temps de s’extérioriser et place au… cours fixe de la journée. Celui-ci consiste en des exercices de haute voltige : ballons balancés dans la nature à attraper, objets divers expédiés ça et là à récupérer. S’ensuivra l’épisode le plus spectaculaire, mais aussi le plus haletant, lorsque les bergers allemands, se mettant en phase offensive, doivent attaquer la cible ennemie, à savoir la manchette entourant le bras de leur entraîneur.

C’est le moment-clé du show, avec une meute soudainement méchante, agressive, enragée (ou presque) à l’assaut d’un coach fortement sollicité et éprouvant de la peine pour «mater» la révolte de ses poulains. Puis, la pause. Essoufflés, ces derniers se reposent comme de doux agneaux, mais sans perdre du regard leur fidèle éleveur qui s’en va alors leur ramener la ration du dîner, celle-ci étant essentiellement composée de morceaux de poulet et de dinde frais qu’il leur sert en grandes quantités. A ce sujet, Hassene tient à préciser qu’il n’achète plus la nourriture canine pourtant abondamment commercialisée en Tunisie, et cela pour la simple raison que ses prix ont plus que quadruplé, outre une mauvaise qualité du produit.

Jusqu’au chien de… traîneau !

Comment peut-on faire vivre une population de 20 chiens pas comme les autres ? Comment subvenir aux gros besoins d’une race canine connue pour être la plus gourmande? «C’est simple «répond Hassene qui indique qu’il est obligé d’en vendre de temps à autre pour alimenter son fonds de roulement, tout en jouant à fond la carte de la reproduction. «Dieu merci, avoue-t-il, je gagne bien ma vie, même s’il m’arrive parfois de passer par une période difficile, cela n’a jamais impacté mon standing familial». Lui qui a la chance d’avoir une épouse, plutôt une vraie guerrière, qui partage, avec beaucoup d’enthousiasme et de générosité, sa passion, ses moments pénibles et ses heures de gloire.

Oui, des heures de gloire, ce couple en a vécu, puisque ces beaux bergers allemands ont remporté plusieurs titres nationaux lors des différentes éditions du Championnat de Tunisie canin qu’organise régulièrement la Fédération gérant cette activité de loisirs.

D’ailleurs, dans son salon trônent plus d’une dizaine de trophées glanés par ses poulains. «Mon cœur battant, dit –t-il, c’est eux. Ma raison d’être, c’est encore eux. En un mot, sans chiens, la vie ne mérite plus d’être vécue». Toutefois, il reconnaît que cette passion extraordinaire ne l’empêche pas de continuer à… filer le parfait amour avec sa femme Khaoula. Celle-ci en est justement ravie, mais visiblement pas du tout jalouse de la meute. «Je sais qu’il les aime follement, mais notre vie conjugale est sans doute plus forte, plus heureuse», lâche fièrement Mme Zhani qui, bien qu’esthéticienne de formation, passe beaucoup plus de temps avec ses chiens qu’avec ses clientes.

Et elle semble camper impeccablement le rôle de bras droit de son mari. Au point de «cautionner» même ses folies, comme elle l’a fait, l’autre jour en l’encourageant à entreprendre un périple audacieux en Russie. Là où l’odyssée le conduira jusqu’à la très lointaine Sibérie. Tout cela pour ramener en Tunisie un superbe «Huscky», la fameuse race sibérienne des chiens de traîneau.

Soit une denrée très rare en Tunisie. Grâce donc au soutien de sa femme, Hassene a réussi l’exploit de s’approprier ce joyau introuvable dans nos murs. De quoi garnir et enjoliver davantage une écurie déjà forte de 11 bergers allemands, 8 chiots et un berger nacro du Caucase russe.

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